Le harcèlement, dans toutes ses formes, au pénal, que faut-il en attendre ?
Depuis quelques années, la prise de conscience des violences faites aux femmes secoue la société. Parmi elles, les violences insidieuses, le plus souvent au sein du couple, occupent une place particulière, tant les dégâts qu'elles engendrent touchent au plus profond de l'être, et tant elles peuvent se confondre avec une relation de couple "normale". Du moins en apparence.
De quoi s’agit-il ?
Le point de départ est la libération de la parole des victimes, qui la plupart du temps égrainent des faits en apparence anodins, mais qui pourtant résonnent en elles comme une déflagration. Cela nourrit leur malaise, et leur culpabilité, et n'encourage pas forcément les personnes habilitées à recevoir leur plainte à les prendre au sérieux.
Il y a ensuite le récit de la personne accusée, généralement très construit et cohérent, qui ne comprend pas ce dénigrement qu'elle subit alors qu'elle a toujours été à l'écoute de celle qui l'accuse, dont le malaise est pourtant manifeste.
Tout le travail des enquêteurs est alors d'isoler et de mettre bout à bout suffisamment de faits pertinents, afin de neutraliser l'argument du simple malentendu, et de caractériser ainsi, d'une certaine manière, l’absence de consentement de la victime, qui pourtant est restée en couple de nombreux mois, voire de nombreuses années, précisément avec la personne qu'elle accuse maintenant.
Comment aller au-delà des apparences d'une relation "mal digérée" ?
Il s'agit en clair de déceler chez la personne accusée, par des faits concrets, l'existence ou non de cette idée que ce qu’on appelle les pervers narcissiques se font d’eux-mêmes, sous couvert d'humilité, et de mettre en évidence un schéma toxique, dans lequel la personne accusée se voit comme la solution du vide qu’elle créé, et qu’en réalité elle transmet.
Cela passe par exemple par le fait de donner à sa victime l’opportunité de voir dans ses excès la résurgence d’une enfance difficile, qui montre une absence de fierté que la victime pense aider à reconstruire, quand elle ne fait qu'accepter que l'orgueil de la personne qu'elle accuse soit continuellement flatté par elle, dans la mise en place de cette emprise.
De sorte qu'elle pourra, elle aussi, être accusée de se servir de la personne qu'elle accuse.
L'objectivité est-elle ici possible, voire envisageable ?
C'est très compliqué, surtout quand on pense que le couple relève toujours d'une forme de malentendu (souvent salutaire, fort heureusement). Mais c'est là que le droit doit être plus fort que les préjugés, ou que les jugements de valeur. Il ne s’agit pas de juger un mode de vie, des goûts, des attirances… mais de juger une emprise, qui se révèle par exemple lorsque des protestations qui avant se résolvaient par un rapprochement sous forme de compréhension de la souffrance de celui ou celle qui en était à l’origine, se résolvent désormais par une volonté de couper les ponts, purement et simplement. C'est généralement là que le malentendu apparaît en plein jour, compris seulement par l'une des deux personnes, celle qui veut se défaire de cette relation, tandis que l'autre continuera, coûte que coûte, et toujours à l'extrême limite de la légalité, à faire en sorte de pouvoir continuer de vivre dans ce récit qu'elle s'est construit.
Il s'agit alors d'écrire un troisième récit, le plus objectif possible, concernant un sujet ô combien subjectif, rédigé par un spectateur qui n'était pas là, qui amène à lui la victime, ce qui lui permet, dans l'idéal, de se réparer en sachant qu'elle a bien été prise au sérieux et que ce qu'elle a vécu n'était pas "le monde", mais un monde.
Ce récit, au vu de la difficulté de la matière, devrait commencer à se construire chez un avocat, et par une plainte la plus argumentée possible, transmise directement au procureur.
- novembre 2023
- mars 2023
- février 2023
- janvier 2023
- avril 2022
-
Besoin d'informations ?
-
Nous joindre par téléphone ?01 86 26 50 15
-
On vous rappelle :